Chroniques littéraires

Cogito – Victor Dixen

Cogito - Victor Dixen (roman aux éditions Collection R)

Cogito Ergo Sum

Descartes

Quand Elon Musk a récemment déclaré vouloir incorporer une puce électronique dans le cerveau humain, l’information m’a fait doucement sourire (ou grimacer). Je me suis demandé quelle est l’obsession de cette société à vouloir à tout prix transformer l’homme en machine.

Je ne m’attendais pas à ce que cette question me revienne en pleine face pendant la lecture de Cogito.

Dans un futur où la technologie fait partie intégrante du quotidien, Roxane va de mal en pis. Ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des machines et relégués au rang de vulgaires sous-fifres de ces monstres d’acier. En plein échec scolaire, elle sombre peu à peu dans la délinquance et se retrouve ainsi peu encline à réussir son Brevet d’Accès aux Corporations, unique passe-droit pour un avenir un tant soit peu plus lumineux. Mais tout bascule le jour où elle se voit retenue pour un stage de programmation neuronale, dirigé par la corporation pionnière en la matière, Noosynth…

Malgré le fait que l’intelligence artificielle soit un sujet redondant dans les œuvres de science-fiction, Victor Dixen nous propose ici une version inédite et totalement addictive. On se prend facilement au jeu, au point de trouver l’intelligence artificielle et les rêves de certains milliardaires presque attirants. Mais c’est sans compter sur cette fin aux multiples rebondissements, qui nous glace le sang à chaque nouvelle page que l’on tourne.

Comme un rêve qui vire au cauchemar, nous avançons pas à pas dans cet univers étrange, qui n’est pas sans rappeler ce qui pourrait devenir réel dans quelques décennies. Les personnages ne cessent d’évoluer, aussi bien dans leur propre façon d’être que dans leur manière de voir le monde et d’interagir avec les autres. C’est d’ailleurs un point du récit qui m’avait déjà beaucoup plu dans Extincta et que j’étais ravie de retrouver ici.

Même si, à contrario de ce dernier, Cogito n’a pas été un coup de cœur, il reste quand même l’un de mes romans préférés de cette année. Le livre en lui-même est magnifique et le travail éditorial réalisé est vraiment à souligner. Les illustrations sont d’une grande qualité et s’intègrent merveilleusement à l’histoire. Le scénario s’enchaîne sans aucune fausse note et tous, absolument tous les détails ont un sens.

Est-ce que j’ai besoin de m’attarder sur la plume de l’auteur ? Même avec un récit à la première personne et au présent, c’est une merveille. La personnalité de Roxane transparaît avec brio à travers ses pensées. Les mots sont justes, bien choisis… Les inspirations et les personnages cités dans le livre se fondent parfaitement dans l’intrigue, lui conférant cette crédibilité glaçante qui ne vous laissera pas de marbre.

Cogito c’est l’avenir. Celui dont on se moquait encore il y a quelques années, après une séance de cinéma de science-fiction. Celui qui paraissait si éloigné qu’il n’était en rien effrayant. Mais c’est surtout celui que certaines entreprises sont en train de bâtir aujourd’hui, avec une conviction telle que le fossé temporel qui nous séparait de cette réalité semble s’être résorbé à vitesse grand V.

C’est la froideur de la technologie qui rencontre la douceur de la poésie. Le progrès qui se heurte à la culture et aux puissants vestiges du passé. Les machines sans âme qui s’élèvent face à la conscience humaine. C’est un récit terriblement visionnaire et c’est ce qui fait de ce thriller une très grande réussite.

PS : peut-être que dans quelques années, un robot écrira ces chroniques à ma place ?…

Vous pourriez aussi aimer

3 Commentaire

Laissez une réponse