Chroniques littéraires

La Cour des Ténèbres (Vampyria) – Victor Dixen

La Cour des Ténèbres - Victor Dixen (aux éditions Collection R)

La liberté ou la mort

La semaine dernière, je vous parlais de Twilight et de son romantisme exacerbé. Aujourd’hui, il va sans dire que même la cruauté des pires ennemis des Cullen ne fait pas le poids face à celle des vampyres qui hantent les pages du tout nouveau roman de Victor Dixen. Vous êtes prêts ? Rentrez le cou, cachez vos veines, révisez vos courbettes et votre élocution. La Cour des Ténèbres vous ouvre enfin ses portes. Tâchez d’y faire bonne figure, le moindre impair se paie au prix du sang…

Il y a trois siècles, et après s’être transmuté en vampyre, le Roy Soleil est devenu le Roy des Ténèbres. Depuis lors, il règne sur la Magna Vampyria, une vaste coalition de royaumes désormais sous son joug cruel et inéluctable. Quelque part en Auvergne, Jeanne se voit arrachée à sa famille de roturiers au cours d’une nuit funeste. Usant d’un stratagème plus ou moins élaboré pour sauver sa peau, elle se voit contrainte d’intégrer la Grande Écurie, une école de prestige réservée aux nobles mortels, désireux d’acquérir tous les codes pour entrer à la Cour de Ténèbres, à Versailles. Mais entre amis et ennemis, Jeanne aura beaucoup de difficultés à préserver son secret et à mener à terme sa vengeance qu’elle s’est promis d’assouvir…

Mesdames et Messieurs, une fois n’est pas coutume, j’ai l’honneur de vous annoncer que ce livre vient d’entrer dans mes grands coups de cœur de cette année 2020 ! Lorsque je l’ai ouvert pour la première fois, je m’étais résolue à ne pas le dévorer d’une traite. Je voulais me contenter de quelques pages par-ci par-là, pour tenter de le garder le plus longtemps possible entre mes mains. Et c’est ce que j’ai fait ! … Pendant les quatre premiers chapitres. Le vrai problème, c’est que Victor Dixen use des Ténèbres pour écrire et lorsque l’on commence, une force inexorable nous pousse à poursuivre, jusqu’à la toute dernière ligne. Et même là, le charme continue d’opérer. On se retrouve à attendre désespérément la suite en errant, hagard, au milieu des autres livres de notre pile à lire.

Si vous pensez avoir une seconde de répit en lisant cette histoire, vous vous trompez lourdement. Son début sur les chapeaux de roues est une parfaite réussite qui ne fait qu’accentuer le côté horrifique de la saga. La suite s’enchaîne sans fausse note. On découvre une intrigue qui sort de l’ordinaire — et après m’être goinfrée avec les cinq tomes de Twilight en deux mois, croyez bien que j’espérais vraiment voir des vampires différents de ce brave petit Edward. Ce récit mêle l’horreur au fantastique dans un superbe décor baroque. On retient son souffle du premier mot jusqu’au dernier, et lorsque l’on croit enfin tenir toutes les cartes en main, l’auteur nous offre un énième rebondissement qui nous enchaîne un peu plus à l’intrigue.

En ce qui concerne les personnages, Jeanne a réussi quelque chose d’extraordinaire. Elle fait partie de ces protagonistes qui parviennent à me faire changer d’avis sur leur compte tout au long de l’intrigue. Je compatis, je l’affectionne, puis je la déteste et la renie… En fin de compte, non. Je l’adore. Je suis rarement passée par tant de sentiments contraires en un seul tome. Des deux autres livres que j’ai pu lire de Victor Dixen, Jeanne m’apparaît vraiment comme le personnage le plus abouti, le plus réussi. Sans trop entrer dans les détails, le reste de cette jolie ribambelle est tout aussi surprenant. Vampyres, nobles mortels, roturiers ou autres créatures des ténèbres… Tous ont ce petit quelque chose en plus qui fait qu’ils vous manquent quand ils ne sont pas là. Même ce bon vieux Louis est des plus plaisants, malgré son aura maléfique au possible, c’est vous dire…

Je ne m’attarderai pas sur le style de l’auteur. Vous savez déjà ce que j’en pense. C’est d’une précision incroyable, même dans ce cas où le langage soutenu du XVIIe prévaut souvent sur le langage moderne. Les descriptions sont sublimes, les dialogues et les jeux de mots sont choisis et élaborés avec soin… Rien à redire, comme d’habitude.

En bref, ce premier tome de Vampyria annonce une saga aussi grandiose que morbide, à la frontière du conte horrifique. Victor Dixen a su orchestrer l’union parfaite entre l’horreur du sang et de la poésie qu’inspire l’infini. J’adresse ici une petite note à l’attention des personnes un petit peu trop sensibles, certaines scènes seront peut-être difficiles à visualiser. Mais pour les amateurs du genre, je ne peux que vous recommander cette merveille. Il n’y en a ni trop ni pas assez, le dosage est parfait.

Sur ce, je m’en vais attendre impatiemment la sortie du second tome, en espérant vous avoir convaincu de franchir les portes de La Cour des Ténèbres. Dans tous les cas, une chose est sûre, après cette lecture, vous ne verrez plus jamais le Château de Versailles de la même manière. Ça non !

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