Chroniques littéraires

Extincta – Victor Dixen

Extincta de Victor Dixen (un roman aux éditions Collection R)

Species Extincta

Deux mots qui grincent, qui nous parlent et qui nous menacent, aujourd’hui plus que jamais.

Sur les Dernières Terres, ultime refuge de l’espèce Homo Sapiens, c’est une société glaciale qui s’est érigée, à l’exact opposé des chaleurs extrêmes qui y règnent depuis que le réchauffement climatique a poussé la planète entière au désastre. Au milieu de ce monde décharné et déshumanisé, où l’esclavage trouve sa justification mystique dans la renaissance d’une Dame Nature défigurée, nous suivons Astréa et Océrian, deux êtres que tout oppose, mais dont l’extraordinaire propension à espérer va guider les pas et le cœur dans une seule et même direction.

Je ne sais pas par où commencer. En fait, je n’ai pas vraiment les mots pour vous dire à quel point ce roman m’a touchée. Je suis littéralement tombée amoureuse de la plume de Victor Dixen, de ce monde, de ces personnages. De tou les personnages (même si j’ai quand même eu un gros coup de cœur pour un certain prince éclopé, je dois bien l’avouer). Tout au long du récit, chacun évolue à sa manière, sous l’influence de ses rêves, ses espoirs et ses désillusions, mais toujours avec cette même authenticité qui fait la force de tout ce roman. Leurs certitudes, leurs doutes et leur cœur, font de ces personnages les dignes représentants de l’espèce humaine, telle que nous la connaissons, et qui apparaît ici comme cloisonnée par des dogmes et des interprétations tronquées d’un monde qu’elle n’a finalement jamais compris.

Mais plus important encore, chacun d’eux porte en lui une flamme d’espoir tellement vivace, que même si nous, lecteurs, sommes dans l’attente d’une issue fatale depuis la découverte du résumé, on ne peut s’empêcher nous aussi, d’espérer. Espérer que dans la fiction, comme dans le réel, l’être humain possède encore une âme, une conscience et qu’il n’est pas trop tard pour changer les choses.

Extincta est un hymne à la vie, à la mort. C’est une réalité, aussi terrifiante que peuvent l’être les ouragans et les catastrophes qui s’abattent déjà sur notre planète meurtrie. C’est une leçon d’humanité, de courage et d’amour, dont les dernières pages sont aujourd’hui imbibées de quelques une de mes larmes de pauvre pleurante. C’est puissant, poétique (retrouver les vers de mon poète préféré dans ces pages, vous savez ce que ça m’a fait ?). C’est effroyable, déchirant et pourtant magnifique…

Même le livre en lui-même est d’une beauté incroyable ! Cette couverture, absolument sublime, les noms de ces espèces à chaque bas de page qui ne font que nous rappeler à quel point nous avons un impact sur ce monde qui n’est pas que le nôtre. Cette bougie… Qui se consume inexorablement, jusqu’à la fin. Et cette fin ! Cette fin !

Je suis triste, mais vraiment triste, d’en avoir refermé la couverture cette semaine. Je suis triste de ne plus avoir à espérer quoi que ce soit pour cette société du futur, aux côtés d’Astréa, Océrian et leurs comparses. J’ai envie de replonger dans les pages de ce livre, de retourner aux Dernières Terres et de revivre avec eux leur cheminement intérieur qui au terme, les a fait éclore de la plus belle et de la plus pure des façons, au sein de ce monde à l’agonie. Je pourrai passer des heures à vous en parler…

Des heures à y réfléchir… Mais il faut bien conclure et, pour ce faire, je dirais ceci : outre le fait que vous devez lire ce livre de toute urgence, rappelez-vous que, qui que vous soyez, riche ou pauvre, petit ou grand, membre des hautes sphères ou du commun des mortels… Aux yeux de cette planète et de son écosystème, vous êtes tous des Homo Sapiens. Vous faites tous partie de cette espèce humaine, qualifiée de sage. Aujourd’hui, il est grand temps de prouver que ce nom-là ne nous a pas seulement été attribué dans un simple sursaut d’orgueil, mais bien parce que nous sommes vraiment cette espèce, capable de se sauver de l’extinction. Elle, ainsi que toutes les autres.

Nous savons.

Nous sommes l’avant.

Et qui sait, quelque part, une étoile de mer et un narval espèrent peut-être toujours et comptent sur nous.

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