L’Attrape-malheur (tome 1 et 2) – Fabrice Hadjadj

Il y a deux semaines, j’ai reçu les deux premiers tomes de cette trilogie jeunesse, écrite par le philosophe français Fabrice Hadjadj. Je remercie encore Babelio pour cette Masse Critique privilégiée, même si, pour le coup, j’en ressors assez mitigée. Je vous explique pourquoi tout de suite.

Jakob Traum est le fils unique d’un couple de meuniers. Il mène une vie paisible, entouré de l’amour de ses parents, de son chien et de son amie Clara. Mais un jour, un terrible accident survient au cœur du moulin. Gravement mutilé par la meule, c’est la mort qui aurait dû emporter le petit garçon. Mais en vérité, Jakob possède un étrange pouvoir qui se paie au prix fort. Et c’est ce don unique qui transformera alors sa vie et poussera le jeune meunier à suivre un chemin semé d’embûches…

L’Attrape-Malheur est la première incursion de l’écrivain dans le monde de la jeunesse. Bien que l’on y retrouve les codes du conte, je pense que pour apprécier pleinement cette lecture, la cible n’est peut-être pas la plus indiquée. 

Mais commençons par le début. Le premier tome de cette histoire débute plutôt bien, je dois l’avouer ! La première partie du livre m’a plu. La plume de Fabrice Hadjadj a ce côté léger et amusant, qui flirte parfois avec les métaphores un peu plus poussées. J’ai trouvé cela particulièrement qualitatif et l’on reconnaît bien l’empreinte du philosophe à travers ses lignes. 

Et puis… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Dans la deuxième partie du roman, la plume perd son côté ludique pour plonger dans de vastes descriptions qui s’étendent parfois sur des pages, voire des chapitres entiers dans le tome 2. Pourtant, il est indéniable que Fabrice Hadjadj est un véritable maître des mots. Les images sont si belles, les métaphores bien travaillées… L’expérience est là, on le sent, on le sait. 

Mais là où le bât blesse, c’est vraiment sur le scénario. Je n’ai malheureusement pas ressenti d’émotion au cours de ma lecture. Il a été très difficile pour moi de m’attacher aux personnages sans cela. En tant que véritable spectateur de l’histoire, on ne sait pas vraiment où veut en venir l’auteur. L’action manque cruellement dans ces deux tomes (en particulier dans le second, d’ailleurs) et c’est vraiment dommage au vu de la qualité littéraire du texte. 

J’ai l’intime conviction que Fabrice Hadjadj nous présente ici une histoire très profonde, avec une morale que je n’ai peut-être pas réussi à comprendre. Le travail de l’auteur ne peut pas être répudié, encore moins son talent pour manier les mots. Je pense simplement être passée à côté de sa vision, je ne m’attendais pas à cela. 

En réalité, j’ai cru apercevoir l’évolution de Jakob à travers le regard des autres personnages. Celui qui ne dit rien, n’exprime rien, mais finalement vit à travers le regard des autres et existe uniquement à travers les différents surnoms qu’ils lui donnent. 

Il semble servir une cause inconnue avant de servir son propre cœur, et endure toutes les souffrances que la bêtise humaine lui inflige, sans jamais se plaindre. À l’image de l’être humain, qui a tendance à exploiter les plus merveilleuses créations de ce monde, sans que celle-ci ne puisse jamais vraiment se défendre. 

La vision qu’apporte l’auteur sur l’amour et la haine, à travers ce personnage et son entourage, est également très intéressante à mon sens. Et c’est peut-être, en fin de compte, ces pensées-là que l’auteur veut nous communiquer à travers cette histoire. 

En résumé, je pense que cette duologie peut vous plaire si vous aimez les contes, les beaux phrasés et les descriptions assez longues. Bien que ce livre soit catégorisé en tant que livre de jeunesse, je recommande plutôt cette lecture à de jeunes adultes. À la manière d’un conte philosophique, je reste persuadée que Fabrice Hadjadj nous demande plus qu’une simple lecture. Il nous incite à la réflexion et je n’étais pas préparée à cela. 

Par contre, si vous aimez l’action et le suspense, passez votre chemin. Comme moi, vous risqueriez de manquer ce que l’auteur s’est évertué à construire avec brio et je pense que c’est bien dommage.