Chroniques littéraires

L’Année de Grâce – Kim Liggett

L'Année de Grâce - Kim Liggett (aux éditions Casterman)

Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit.

C’est le livre du moment, celui que l’on voit de partout sur Bookstagram ! Vous vous demandez pourquoi il suscite un tel engouement ? Je me suis aussi posé la question jusqu’à ce que je me retrouve plongée dans ses pages sans jamais pouvoir en ressortir. Alors pour vous, je me dois de briser les codes et dissiper les mystères qui entourent cette histoire. Et si personne n’évoque jamais l’année de grâce, moi j’ai décidé de vous en parler.

Dans un monde dominé par la gent masculine, les jeunes filles sont soupçonnées de porter en elles une magie capable de détourner les hommes du droit chemin. À l’âge de seize ans, elles sont donc contraintes à l’exil en forêt pendant toute une année, afin de se débarrasser de leur magie et entrer dans les différentes cases sociales que les hommes auront plus ou moins déjà choisies pour elles. Cette année, Tierney, une jeune fille plutôt rebelle, fait partie des celles qui doivent partir en exil. Elle qui ne ressent aucune magie et réfute l’existence toute tracée qui s’offre à elle, va devoir faire face à l’horreur et à la folie pour survivre, coûte que coûte, à son année de grâce.

Deux semaines, deux livres, deux coups de cœur d’affilée. Incroyable non ?

Certes, cette dystopie peut s’avérer un peu clichée au premier abord. On retrouve un bon nombre de thèmes communs au genre, déjà bien exploités par le passé. Parmi eux, l’héroïne rebelle bien décidée à renverser le système, l’asservissement de la femme dans une société sexiste et foncièrement misogyne, de jeunes protagonistes livrées à elles essayant de survivre… Mais malgré tout cela, cette histoire reste particulièrement originale, addictive et surtout, pleine de rebondissements des plus surprenants !

Parce qu’un ciel ne peut pas être d’azur tous les jours, il y a quand même quelques petits couacs, mais rien qui ne doit dévaloriser le récit. J’ai, par exemple, eu quelques difficultés à me représenter les lieux. J’ai peut-être été victime d’un manque d’attention par moment, mais cela reste tout de même assez rare. Il faut dire que le périmètre dans lequel se déroule l’action principale est plus ou moins large et reste essentiel à la compréhension de certaines scènes. Il est donc nécessaire de bien visualiser l’endroit et c’est là-dessus que j’ai eu quelques petits moments de doutes. À noter aussi que les descriptions des sentiments viennent parfois cruellement à manquer. On survole certains passages, parfois cruciaux, sans ressentir aucune émotion. A contrario, d’autres épisodes sont un peu plus longs et beaucoup plus travaillés sans pour autant apporter davantage à l’intrigue.

Les personnages sont particulièrement intéressants. Leur évolution et les révélations qui sont faites à propos de certains d’entre eux sont judicieuses et très bien menées. Le chemin qu’emprunte Tierney est peut-être discutable et semble parfois aller à l’encontre de ses propres enjeux, mais je la trouve d’autant plus intéressante grâce à cela. Ce n’est pas un personnage morne ou surnaturel qui reste semblable de A à Z. Ses choix influent sur elle, ce qui la rend plus vraie que nature.

La plume de Kim Liggett est simple et fluide. Mis à part le fait que j’ai dû reprendre certains passages plusieurs fois pour être sûr de bien comprendre où nous étions et avec qui elle guide l’histoire sans problème. Les descriptions sont belles et, la plupart du temps, très bien menées. Mais le gros point fort, c’est que l’auteur maîtrise le suspense et les rebondissements à la perfection. On ne s’ennuie pas en Année de Grâce, je vous le garantis !

Ce livre vaut le détour. Vraiment. Malgré les petits soucis que j’ai précédemment évoqués, j’ai vraiment adoré l’intrigue. C’est un de mes livres préférés de cette année et je ne peux que vous recommander de le découvrir à votre tour. Le scénario se découpe en une fresque parfaite qui ne vous laissera pas de marbre. Alors, oui, garçon ou fille, dépêchez-vous de le lire, mais n’oubliez pas : « On ne revient pas indemne de l’année de grâce. Si on en revient. »

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