On est tous des monstres en cage. Avec la bonne peur, la bonne douleur, le verrou de la civilisation cède.
Joker
Vous le savez déjà, je suis une grande fan de l’univers de Batman et plus particulièrement du couple que forment le Joker et Harley Quinn. Leur histoire a déjà été dépeinte maintes et maintes fois et les aficionados ont en vu de toutes les couleurs, c’est peu de le dire.
Mais alors cette fois-ci…
Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Harleen de Stjepan Sejic est une pure merveille. Que l’on parle des illustrations absolument magnifiques ou de ce scénario, résolument adulte, tout est d’une précision chirurgicale. L’accent est mis sur la psychologie des personnages ainsi que sur le regard que la société porte sur les criminels atteints de troubles psychiatriques. Ceux qui me connaissent l’auront compris, on nage en plein dans mes sujets de prédilections.
Harleen Quinzel est une jeune psychiatre qui, après des études mouvementées et un profond manque de confiance en elle, espère mener à bien ses recherches scientifiques. Son but ? Prouver au monde que le manque d’empathie, qui caractérise entre autres les plus grands criminels de Gotham, serait dû au développement de l’instinct de survie au cœur d’une société de plus en plus violente. Ce trouble pourrait donc être soigné pour faciliter la réinsertion de certains criminels. Et pour mener à bien cette étude, Harleen parvient à intégrer l’asile d’Arkham, où sont internés quelques-uns des criminels les plus dangereux de la ville, dont le Joker…
C’est simple, le scénario de cette bande dessinée est tellement parfait, les personnages tellement réussis que même moi, j’y ai cru. L’enfer est pavé de bonnes intentions, et c’est tout à fait ce qu’inspire cette bande dessinée. Malgré le fait que je connaisse le fil conducteur de cette « romance » par cœur, dans cette version-là, j’ai vraiment ressenti tous les espoirs d’Harleen. J’ai vraiment cru qu’elle allait réussir, là où tous les autres avaient échoué. Mais c’était sans compter cet incroyable Joker que Stjepan Sejic nous présente ici. L’auteur le définit comme une rock star et c’est totalement le cas. Manipulateur de génie, charismatique à l’excès, il parvient à duper tous les personnages de ce récit, jusqu’au lecteur lui-même. Le tandem qu’il forme avec la fragile Harleen donne une profondeur tragique à ce scénario comme il nous est rarement donné de voir.
En bref, Harleen est pour moi un vrai coup de cœur, un véritable chef-d’œuvre visuel. Cette bande dessinée pose de réelles questions sur la société et ses dérives. Mais surtout, elle vous invite à prendre part au spectacle de l’amour et de la folie, qui dansent ensemble tels des funambules sur un fil si mince qu’il en est presque invisible…
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