La Neuvième Maison – Leigh Bardugo

Nous sommes les bergers 

Terminer ce livre le premier jour de l’automne avait un doux parfum de satisfaction. Quoi de mieux pour entrer dans cette période qu’un récit composé de sociétés secrètes, de disparitions inquiétantes, de rituels sinistres et de magie noire ?

Chaque jeudi et dimanche soir, à Yale, les sociétés secrètes de l’université se réunissent et se livrent à des rituels de magie macabres et sanglants au sein de leur tombeau respectif. Les Huit Maisons du Voile assurent ainsi la réussite à ses anciens membres réputés, qui comptent souvent parmi les plus hautes autorités des différentes branches de ce monde. Depuis de nombreuses années, la Neuvième Maison, aussi appelée le Léthé, est chargée de veiller à ce que ces pratiques magiques soient réalisées dans le respect des règles établies et que rien de ce qu’il se passe ces nuits-là ne soit divulgué au monde extérieur. Mais tout bascule un soir de rituel, où un meurtre inexpliqué est commis en plein cœur du campus. Face à ce drame qui s’ajoute à la mystérieuse disparition de son mentor, Alex Stern, alors membre du Léthé, se lance donc dans une enquête des plus complexes et des plus périlleuses, où la magie se révèlera à elle sous la plus sombre de ses formes…

J’ai quelque chose à vous dire. Si vous décidez de lire ce livre, il va falloir vous accrocher, et cela pour plusieurs raisons.

Premièrement, parce que l’avertissement au début du livre concernant les sujets sensibles abordés n’est pas à prendre à la légère. Et si d’aventure vous les manquiez, je pense que les quelques premières pages du livre suffiront largement à vous remettre les idées en place. Deuxièmement, parce que c’est un livre écrit pour les adultes. Par cela, j’entends que les chapitres sont longs, qu’il y a beaucoup de détails complexes et beaucoup de choses à retenir pour arriver à comprendre parfaitement tous les mécanismes de l’histoire… Si vous réussissez à passer ces épreuves et à vous accrocher jusqu’à peu près la moitié du livre, alors le voile se lève (sans mauvais jeu de mots, ici) et tout s’éclaire. Tout se précise, tout s’explique, jusqu’à ce cliffhanger final qui nous coupe le souffle et qui nous laisse pantois, à attendre la suite…

En ce qui concerne l’ambiance, rien à dire. C’est glauque à souhait, glaçant, morbide, on adore. Le petit plan de Yale au début du roman se révèle bien utile pour localiser les nombreux lieux de l’histoire. Le personnage d’Alex est particulièrement intéressant. Sa psychologie est floue, mais les indices qui sont dévoilés sur elle à mesure que les pages se tournent apportent beaucoup à l’intérêt du lecteur. Moi qui n’étais pas franchement emballée au départ, j’ai fini par beaucoup apprécier cette petite Alex et son tempérament de feu. En termes de personnage, je n’ai qu’un seul regret… Celui de ne pas avoir eu plus de Darlington à me mettre sous la dent. Il faut dire que ce mentor à l’élégance notoire ne manque pas de charisme ! Ses bonnes manières de gentleman contrastent si bien avec celles de la protagoniste principale. Drôle malgré lui la plupart du temps, il demeure un véritable atout au récit. Ses dialogues avec Alex ne manquent pas de piquant et leur duo, même à travers ce scénario que je ne dévoilerai pas, s’impose comme un pilier de ce roman fantastique.

Leigh Bardugo nous propose ici un récit aussi sordide que grandiose. La plume est mature, crue sans jamais être vulgaire. C’est poétiquement sombre et machiavélique. Vraiment très agréable à lire. Le travail de recherches complémentaires mené par l’auteur a réellement porté ses fruits. Et même si les sociétés secrètes de Yale ont toujours nourri beaucoup de fantasmes, je ne peux que recommander aux amateurs du genre de plonger au cœur de cette version qui, pour moi, est d’une précision et d’une qualité notable.

Après tout, qui sait vraiment ce qu’il se passe dans ces terrifiants tombeaux ? En somme, si vous parvenez à passer les longueurs des premiers chapitres, vous ne pourrez plus lâcher ce roman des mains.

Ah, et… Un autre conseil. Évitez de lire ce livre juste avant de vous endormir. C’est mieux.